Lorsque les Anciens, notamment la civilisation libyque, ciselaient leurs objets de signes ou ornaient les parois des grottes de figures géométriques, ils ne recherchaient pas une émotion artistique. Ces représentations prenaient vie et corps pour accomplir des fonctions précises. Si tel est le cas, quel mystère recèle le Losange qui, lui, semble mener le bal dans la symbolique Berbère ?
« Mouâayan », littéralement « Particulier » est le qualificatif arabe pour Losange. Curieux. Lorsque l’on parcourt les manuels traitant de la Symbolique, le losange y est décrit comme matrice protectrice d’un contenu particulier, fragile, précieux. À l’image d’un œuf, une graine ou une semence renfermant l’énergie dans son état latent, la vie dans son état d’émergence. C’est également ce que signifie « Ingwaz » ou « Ing », vingt-deuxième rune de l’ancien alphabet scandinave, de laquelle le losange actuel tire son origine. Ing, illustre le mouvement ondulatoire de l’énergie cosmique, entretenant l’idée selon laquelle : pour croître et se développer, il est nécessaire de revenir à soi-même se ressourcer, afin de rassembler et d’harmoniser l’ensemble de ses éléments créateurs. Pour ainsi dire : réveiller sa force intérieure pour s’affranchir de ses limites extérieures.
De la même manière, le losange de la symbolique Berbère, héritage de l’ancienne Lybie, y est considéré comme la racine géométrique de toute chose. Tapis, tissages, objets en terre cuite, en cuir ou en bois et même tatouages, exhibent le parallélogramme en qualité de chef d’orchestre dans la symphonie des motifs. « L’œil-de-perdrix » à titre d’exemple, ce petit losange aux extrémités renflées ou portant une petite croix, représente l’oiseau lui-même, symbole de beauté, de légèreté et d’agilité. Cette représentation inspirée de la nature, que l’on perçoit souvent sur le menton ou le front des femmes Berbères, est également très présente sur les tapis dont elles sont généralement les artisanes, ou encore les peintures rupestres.
Mis à part l’aspect ornemental, le Losange est la formule mathématique qui attire et entretient deux forces vitales : la fécondité et la fertilité. Autrefois, certains en traçaient les contours sur le toit de leurs foyers pour s’assurer une descendance importante, quand d’autres le gravaient sur leurs granges, espérant y engranger des moissons abondantes.
Et vous, quel en serait votre intention ?