C’est une histoire qui remonte au Néolithique, entre 14 000 et 7 000 ans avant notre ère, lorsque l’Homme passe du statut de chasseur-cueilleur à celui d’agriculteur-éleveur. Il se sédentarise, les agriculteurs travaillant la terre et les éleveurs domestiquant des animaux sauvages qu’ils élèvent en troupeaux. Les conditions climatiques propres à certaines régions, dont l’Atlas, amènent les éleveurs à adopter un mode de vie qui, en fin de compte, se rapproche de celui des chasseurs-cueilleurs, se déplaçant avec leurs bêtes à la recherche des meilleurs pâturages.
S’il existe encore, de par le monde, des peuples entièrement nomades, se déplaçant en permanence avec leurs troupeaux, ce n’est pas le cas dans l’Atlas. Dans les montagnes marocaines, les tribus pastorales qui migrent encore aux périodes de transhumance sont semi-nomades. Elles résident sur les terres où se sont fixés leurs ancêtres et où se trouvent leurs racines.
Et, une fois l’an, à la fin du printemps, ces éleveurs, accompagnés de leur famille, emmènent leurs troupeaux vers les pâturages d’altitude. Un rituel ancestral que cette ascension qui dure plusieurs jours, à travers des vallées, des oueds, des sentiers, des cols, pour offrir aux bêtes, sur des plateaux montagneux nourris par les neiges d’hiver, des prairies généreuses. Lors de cette transhumance, les nomades de l’Atlas emportent avec eux ce qu’il leur faut pour vivre pendant ces mois d’estivage, dont leur tente, élément le plus emblématique de leur culture. Cette tente en laine de chèvre est roulée pendant le voyage puis montée lorsque les nomades arrivent à destination. Ils y recréent un foyer familial éphémère avant de redescendre chez eux à l’automne.