Des cultures croisées

ATLAS, QU’ES-TU ?

Pourquoi l’un des massif montagneux les plus imposants au monde porte t-il le nom d’Atlas ? Pourquoi se dresse t-il précisément au Maroc ? Quel message son nom porte t-il ? Mythologies, histoire et lieux géographiques se révèlent de plus en plus connectés tels les débris d’un verre autrefois brisé. Et si, de la même manière que jaillit Aïn Atlas des profondeurs du massif, les réponses se trouvaient, elles aussi, dans l’origine même du nom Atlas ?

Au commencement, fut le verbe…

Saviez-vous que Atlas puise dans une origine plus lointaine encore que la Grèce antique ? Une origine notamment berbère qui trouve racine dans la Lybie Antique.
Son terrain sémantique nous révèle qu’« Atlas » est en réalité « ANTée », dont la racine berbère « NT » traduit l’idée d’établissement, d’ancrage au sol. Antée y est décrit comme Roi/Géant, solidement fixé au sol, au point qu’il y puise une puissance dite surhumaine. Un mythe ? Ce n’est pas ce que semble en dire sa tombe de trente mètres de long, connue sous Cromlech de M'zora, monument mégalithique situé à 15 kilomètres au sud-est d'Asilah au Maroc (lire notre article à ce propos). Notons l’évidente similitude avec « Atala », mot berbère issu de la même racine et signifiant flanc, montagne, poutre du monde, établissant une analogie entre force de l’Homme et celle de la montagne.

Derrière le mythe, une sagesse

Bien qu’appartenant à diverses époques et utilisant différents codes d’expression, les contes héroïques transmettent les mêmes messages. D’un Atlas, titan et gardien du jardin des Hespérides portant la responsabilité des cieux et de la terre sur ses épaules, doté d’une immense puissance au contact du sol qu’il perd une fois séparé de lui, à un Antée Roi Libyen et gardien du royaume des enfers, tirant également sa force de l’énergie terrestre. Dans les deux versions, le géant, personnification de la force humaine, est vaincu par son adversaire qui réussit à le soulever de terre et l’étouffer dans ses bras.
Etrange vraisemblance cependant lorsqu’on pense à nous autres, Hommes, et notre lien à la terre. Celui que nous semblons avoir négligé, oublié, perdu ? Bien des choses prennent sens de cette perspective. Sommes-nous réellement à l’image de notre véritable nature ? Nos pouvoirs nous ont-ils échappés suite à notre rupture avec nos racines ? A en croire les écrits des civilisations qui nous précèdent, nos ancêtres, eux, semblent le confirmer.

Au Maroc et nulle part ailleurs…

Outre le massif d’Atlas, certains lieux légendaires de la mythologie sont depuis longtemps localisés au Maroc, tels le fameux Jardin des Hespérides (entre l’actuels Tanger et Larache) ou encore l’Atlantide (souvent assimilée à Atlas), une cité antique d’une puissance inégalée, décrite avec précision par Platon dans Timée et Critias. Et si l’Atlantide était sous nos pieds ? C’est la question que pose Mark Adams, chercheur et auteur américain, dans son livre « Meet me in Atlantis » sorti en 2015.
En s’appuyant sur les résultats d’un programme informatique mis en place par l’allemand Michael Hubner, l’auteur, et bien d’autres avant lui, localise l’Atlantide dans la plaine du Souss, près d’Agadir. Une thèse d’autant plus intéressante lorsque reliée à la récente découverte du plus ancien fossile humain à Jebel Irhoud, dans la région de Safi, plaçant désormais le Maroc comme berceau de l’humanité.

Jardin des Hespérides, Royaume des enfers, Atlas, Antée, Atlantide, …

L’humanité a de tout temps personnifié les principes du monde exposés à sa conscience afin de les rendre plus intelligibles, de connaître sa véritable nature et sa juste place dans l’univers. Des principes qui se réincarnent en toute époque, toujours sous de nouveaux vêtements. Atlas/Antée, autrefois personnage détenant les clés du paradis et de l’enfer, livrant bataille mortelle à quiconque pénétrant dans son royaume, se transmute en un mystérieux massif montagneux, livrant la même bataille, mais dans l’actuel espace-temps où l’adversaire n’est autre que Soi. Cet Atlas intérieur qu’il nous est donné de gravir au travers d’un dépassement à la fois mental et physique, dans l’espoir de réveiller cette force qui somnole, depuis si longtemps, en chacun de nous.

ATLAS, réveille-toi.