La longue marche des bergers

Transhumance avec les nomades

Les Aït Atta sont une très ancienne tribu installée dans la région du Jbel Saghro, au sud du Haut Atlas Central. Un paysage minéral à la beauté brute. Depuis la nuit des temps, les Aït Atta perpétuent une tradition qui leur est imposée par l’aridité du climat. Ils sont une des dernières tribus à emmener leurs troupeaux pour une longue transhumance à travers les montagnes de l’Atlas.

À chaque mois de mai, le rituel recommence. Les Aït Atta quittent en famille la chaleur écrasante du Saghro avec leurs troupeaux de moutons, de chèvres et de dromadaires. La caravane traverse la plaine du Dadès avant de s’enfoncer dans les vallées qui serpentent entre les hauts sommets de l’Atlas. La marche dure près d’une semaine, dans des paysages qui n’ont pas changé depuis les temps immémoriaux où les premiers Aït Atta ont emmené leurs bêtes paître dans les pâturages d’altitude. Le même rituel répété année après année, en suivant les mêmes pistes, en longeant les mêmes oueds, en franchissant les mêmes cols.

Destination : les pâturages du lac d’Izourar qui se reforme à chaque printemps lors de la fonte des neiges, à 2600 mètres d’altitude. Comme le veut la coutume, les tribus de l’Atlas ont le choix des meilleurs emplacements. Les Aït Atta se partagent ensuite les espaces restants. Ils installent leurs tentes sous lesquelles ils vivront jusqu’à l’automne suivant. Alors, la caravane se remettra en route et la transhumance se fera en sens inverse. Les Aït Atta ne seront pas seuls, accompagnés par des bergers du Haut Atlas fuyant les sommets couverts de neige pour emmener leurs troupeaux vers le Jbel Saghro et passer un hiver plus clément dans les pâturages présahariens.

Une expérience d’éco-tourisme

Aujourd’hui, les Aït Atta effectuent parfois la transhumance en compagnie de nomades d’un autre genre. Des agences de voyage proposent en effet à des touristes de suivre les bergers du Jbel Saghro dans leur longue marche vers les alpages du Haut Atlas. Le soir, sous la khaima ou autour d’un feu, un verre de thé à la main, les Aït Atta racontent à leurs visiteurs venus de très loin la chronique de leurs traditions.

Illustration d’un éco-tourisme qui séduit de plus en plus de voyageurs en quête d’authentique. Même si les uns repartent en avion et les autres à pied, tenant leurs bêtes par la bride, sur les pistes de l’Atlas, comme ils le font depuis toujours.