Promenade d’un serval dans le Moyen Atlas

Signes d’une richesse enfouie

C’est une aventure qui ne peut arriver qu’à un amoureux de la nature. C’est le cas de Salim. Ce jeune architecte d’intérieur casablancais aime à se ressourcer, dès qu’il le peut, dans les paysages grandioses de ses montagnes natales, du côté d’Ifrane. Cette passion pour la nature lui a permis de redécouvrir, en 2014, un félin d’une rare élégance qu’on croyait disparu au Maroc : le serval.

Ce jour-là, après avoir passé la nuit en solitaire, à observer les étoiles et à écouter les bruits de la forêt, Salim s’offre le plaisir d’une longue randonnée à pied. Il n’aime rien tant que ces moments où il entre en communion avec les arbres, les pierres et les animaux du Moyen Atlas. Assis sur un promontoire, il admire le spectacle qui s’offre à lui. Avec le même émerveillement que lorsqu’il était enfant.

Soudain, son attention est attirée par un bruit de branches écrasées. À sa grande surprise, il voit poindre deux oreilles de félin arrondies qui sortent d’une futaie de chênes. À mesure que l’animal approche, Salim remarque sa fourrure tachetée qui reflète le soleil et ses très longues pattes qui peuvent atteindre quatre-vingt centimètres. Sa poitrine est plus volumineuse et son ventre plus creux que ceux du léopard de l’Atlas. L’animal marche lentement, inquiet et magnifique.

Toujours croire en la force de la nature

Salim a le réflexe de prendre deux photos avec son smartphone. C’est suffisant pour que le félin le repère et s’enfuie. En quelques bonds impressionnants, il disparait. Salim passe le reste de sa journée à essayer de le retrouver, mais en vain.

Les photos confirment que c’est bien un serval, ce redoutable chasseur qui vit encore dans plusieurs régions subsahariennes et que l’on adorait comme un Dieu dans l’Égypte antique. Une découverte incroyable car ces photos sont une des seules preuves de son existence au Maroc depuis plus d’un siècle. Un formidable message d’espoir pour toutes les espèces menacées de disparition.

Si vous rêvez d’observer un serval dans le Moyen Atlas, ne comptez pas sur Salim pour vous dire où il l’a vu, il a trop peur que des braconniers l’apprennent. Au pire, vous ferez une ballade dans une des régions les plus belles et les plus sauvages du Maroc qui peut révéler à tout moment ses richesses naturelles les mieux enfouies.