Un héritage ancré

CROMLECH DE M’ZORA : UN VESTIGE QUI INTRIGUE

À la différence des livres, la légende, elle, ne brûle jamais mais enflamme au contraire. D’autant plus lorsque ses récits sont gravés par de somptueux vestiges. C’est le cas du site mégalithique de M’zora, à 15 kilomètres au sud-est d’Assilah, au nord-ouest du Maroc.

C’est là, disent les Africains, qu’Antée est enterré. Ce Roi libyen, donc berbère, est l’équivalent d’Atlas dans la mythologie grecque (lire notre article Atlas : qu’es-tu à ce sujet). Le site mégalithique représente une sépulture de 54 mètres en largeur et 56 mètres en longueur, encerclée de 167 monolithes dont le plus haut s’élève à 6 mètres. Le palais d’Antée, racontent mythologies berbères et grecques, était situé à Lixus, sur la cote Atlantique marocaine. C’est dans la province de Tanger près de Larache, que cette ancienne cité carthaginoise aurait été située. « Les Libyens disent que Antée est enterré non loin. Sertorius qui n’ajoutait pas foi à ce que les Barbares du pays disaient de la grandeur énorme de ce géant, fit ouvrir son tombeau, où il trouva, dit-on, un corps de soixante coudées (26,67 mètres). Étonné d’une taille si monstrueuse, il immola des victimes, fit recouvrir avec soin le tombeau, augmenta ainsi le respect qu’on portait à ce géant, et accrédita les bruits qui couraient sur son compte », relate le philosophe Plutarque dans Sertorius, IX.

Des fouilles qui révèlent une origine néolithique…

En 1979, le Maroc lance les investigations sur le complexe mégalithique, sous la direction notamment de J.P Daugas et A-El Idrissi. Une coopération scientifique a ainsi vu le jour, soutenue par la Mission Préhistorique Française. Les études qui en ont découlé révèlent que l’endroit aurait été occupé par des populations néolithiques qui auraient bâti ce cercle unique au Maroc. Ces peuples, utilisant la pierre comme matière première dans la fabrication de leurs outils, semblaient échangé fréquemment avec les communautés néolithiques de la péninsule ibérique (à l’autre bout du détroit de Gibraltar).

Mythe / Fait : pourquoi diviser lorsque tout est unité ?

Ainsi, un Géant des mythologies antiques, d’origine Berbère, occupant une place de prestige selon la magnificence de sa sépulture, serait en son vivant un gardien des portes du paradis (le jardin des Hespérides) et à sa mort, lorsque tué par Hercule selon les récits, un gardien des portes de l’enfer. Conte imaginaire ? Probablement. Mais que faire de cette tombe adossée bel et bien aux flancs de Atlas ? N’est ce pas là toute la magie des contes : des principes intemporels qui se transmutent d’un espace-temps à l’autre, dans le seul but de nous rappeler et nous faire retrouver le chemin de la source ?