Méditer en courant, courir en méditant

La course.

Fût-elle une profession, une passion ou un sport de prédilection, elle ne sait se faire apprécier aux premiers 400 mètres. Devant l’initié, la piste semble épineuse. La solitude et l’excitation s’entremêlent dans une danse macabre. Le souffle s’épuise et la tentation du renoncement surgit pour couper court au fiasco. Si le chemin est le même pour tous, l’expérience est, elle, relative…

« La douleur est inévitable, la souffrance est optionnelle ». Ce sont les mots galvanisants d’Haruki Murakami dans Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, lorsqu’il dépeint, avec brio, l’analogie entre écrire et courir. Les maux de tête que donne le premier seraient similaires aux points de côté que provoque le second. Néanmoins, dans cette histoire comme dans toutes, le protagoniste a le choix : Accepter ou Subir.

Le choix.

Le fil entre les deux étant fin, la nuance est considérable. Car l’acception naît d’une pleine conscience de soi pendant l’activité : ressentir chaque parcelle de son corps en mouvement, éprouver les crampes, concentrer son esprit pour discerner la douleur physique de son amplification mentale. Et c’est dans ce petit espace que tout le champ de l’athlète se transforme. Trouver son rythme équivaut alors à créer son propre temps. Ainsi, le corps court, le mental marche et alors, seulement alors, l’esprit voyage.

Le voyage.

Les yeux, désormais en veille, transmettent le flambeau à l’œil intérieur. Le bipède que l’on était, devient alors un Soi en quête de clairvoyance. À cette échelle, le coureur n’est plus à la recherche de performances mais se cherche lui-même à travers la pratique de la course. Progressivement, il commence à y voir des principes de vie, trouver les réponses aux questions qui le tourmentent, puiser le sens et l’inspiration qui, jusque-là, lui échappaient. Si comme le décrit Murakami, nous sommes des boules d’énergie valsant entre bonnes et mauvaises ondes, d’entre tous les sports, la course permet d’en trouver la juste fréquence.